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Le marché public a été et est encore dans certaines villes, l’endroit recherché par les citadins pour trouver des produits frais du terroir. Quelques villes de notre grande région possèdent encore leur marché public : Saint-Hyacinthe, Sorel, Drummondville, La Prairie (Les Halles), Longueuil (Les Halles) et bien entendu la ville de Montréal qui compte plusieurs marchés publics : Jean-Talon, Atwater, Maisonneuve, etc.

Par contre plusieurs de ces édifices ont vu leur vocation transformée au cours des ans. Par exemple celui du vieux Laprairie est devenu un musée et le siège de la Société d’histoire de la Magdeleine de Lapraire et celui de Saint-Jean-sur-Richelieu : le Musée du Haut-Richelieu (céramiques) et que dire du marché Bonsecours de Montréal qui est utilisé aujourd’hui par des artisans ou comme salles de réunions diverses.

Allons donc faire un retour dans le temps et découvrir la « petite » histoire du marché de Saint-Césaire, le seul qui aie existé dans les Quatre Lieux. Son origine remonte à l’année 1850 alors qu’un groupe d’habitants de Saint-Césaire sensibilisés aux avantages matériels que toute la paroisse pourrait en retirer, de posséder un tel marché, se réunissent le 25 août 1850.

Lors de cette rencontre un comité est formé; il est composé de P.H. Plamondon l’instigateur de ce projet et de deux citoyens, P.A Consigny médecin et Pierre Peltier conseiller. Ces individus furent légalement nommés et délégués pour accepter l’offre et la donation du seigneur de Rottermund « au nom et au profit de la paroisse et pour les fins susdits » (Notaire Brunelle).

Le 1e septembre 1850, est passé l’acte par lequel « M. et Mme de Rottermund, seigneur et seigneuresse de la seigneurie de Rougemont cèdent gratuitement deux emplacements de chacun 80 pieds par 60 pieds situés au village de Burtonville de Saint-Césaire pour construire un marché ». D’après le contrat, si le marché ne se construisait pas dans un laps de temps de 8 ans, les terrains retourneraient aux cédants.

Conscients de la nécessité d’avoir au plus tôt un marché public qui répond à la demande de plus en plus grande des citoyens, les travaux débutent en 1851. Ils sont confiés à l’entrepreneur Louis Messier. Il construit selon Desnoyers une toute petite halle, probablement en bois. Malheureusement nous ne connaissons pas les dimensions de cet édifice, mais dès 1857 on se doit de l’allonger vu l’achalandage toujours de plus en plus constant de la clientèle.

Cette affluence des habitants de la paroisse et des municipalités voisines augmentant sans cesse, il fallait de nouveau agrandir sinon construire un nouvel édifice au goût du jour. C’est dans cet ordre d’idée que la municipalité se porta acquéreur le 2 mai et le 30 décembre 1865, de deux emplacements en arrière des deux terrains qu’elle possédait déjà depuis le 1e septembre 1850. Le premier terrain fut cédé par Pierre Peltier pour la somme de 200.$ et le second par Cyprien Lemaire pour 150.$, ces terrains étaient de la même dimension que ceux cédés par le seigneur de Rottermund.

L’acquisition de ces deux terrains permettait la construction d’un édifice beaucoup plus vaste sur la place du marché. Mais la construction projetée ne put être réalisée que six ans après l’achat du terrain. C’est le marchand charpentier et menuisier R. P. Pépin de Saint-Césaire qui fit les plans et exécuta les travaux de construction pour la somme de 2,660.$

A cet effet le village souscrit la somme de 500.$ et la paroisse un montant similaire, le reste étant payé dans les années à venir, par les loyers des locataires des emplacements.

Les travaux de construction commencèrent au mois de mars 1871 et ils furent complétés dans le courant du mois d’août 1872. C’était un édifice en « charpente briquée » de deux étages de 100 pieds de long par 30 pieds de large. L’étage supérieur de 50 pieds par 30 pieds servait aux réunions des conseils municipaux, à la cour des Commissaires et à d’autres assemblées publiques. En 1919-1920, le haut du marché fut loué à Bruce Payne, manufacturier de Granby. Il y fabriquait des cigares. En 1921 des arbres furent plantés en arrière de l’édifice près de la rue Union. On ajouta aussi des trottoirs en béton aux alentours du marché.

Lorsque l’on regarde la photo du marché tirée de L’album-souvenir du centenaire de Saint-Césaire en 1922, nous retrouvons le même édifice que celui de 1871. Il ne semble donc pas avoir subit de transformations notables durant toutes ces années. C’est le 6 mars 1952 que le vieux marché de Saint-Césaire sera démoli par M. Noël Fournier. Le conseil municipal du village de Saint-Césaire en avait décidé ainsi à sa réunion du 3 avril 1952.

Cette halle de marché aura donc accueilli les bouchers, horticulteurs, cultivateurs, jardiniers et autres commerçants pendant un peu plus de 100 ans. Une plaque commémorative devrait au moins, rappeler au gens de Saint-Césaire, cet édifice aujourd’hui disparut?

Gilles Bachand

Références:

Archives municipales de la ville de Saint-Césaire, délibérations du Conseil.

Archives de la Société d’histoire des Quatre Lieux, fonds Gilles Bachand

Desnoyers, Isidore abbé Histoire de la paroisse de Saint-Césaire transcription et annotation de l’abbé P.-M.J. Benoit, Société d’histoire des Quatre Lieux, 2002, p. 121-124.

Hébert, Hélène et al Le Marché de Saint-Hyacinthe et quelques marchés publics du Québec, Éditions JML, 1989, p. 148-149.

Gervais, abbé, Album-souvenir du centenaire de Saint-Césaire, Montréal, Atelier des sourds-muets, 1922,119 pages.

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